Ah les bonnes surprises du voyage… Prendre un bus de nuit en espérant dormir et ne pas fermer l’œil à cause du chauffage et arriver très avance, à 4h30 du matin… Enfin, l’objectif est atteint, nous voilà arrivés dans la belle Sucre.
On mange, on se balade et on mange
Sucre, capitale administrative de la Bolivie, est une belle ville dynamique aux bâtiments coloniaux à la façade blanche. Notre hôtel, à 10 minutes du centre, est juste top. C’est la première fois que nous avons notre propre salle de bain en Bolivie ! On est tout foufou !
Le soleil est radieux, il fait bon se balader et se poser sur la place principale plantée de grands palmiers. La ville apparaît plus moderne et plus européenne que la Paz.
Sam et Elodie veulent faire leurs derniers achats souvenirs avant de quitter le pays, on écume donc les (quelques boutiques) du centre. C’est toujours les mêmes babioles et surtout c’est plus cher que dans les autres villes. Ils trouvent finalement leur bonheur juste à côté du mirador. Nous on se contente de la vue !
Nous nous souviendrons de Sucre surtout pour son marché. Si vous nous suivez, vous savez qu’on adore y manger, c’est pas cher et c’est typique (on n’a pas dit diététique !). Si on devait effectuer un top 3 des plus beaux marchés d’Amérique du sud, Sucre en ferait assurément partie ! Sous les arcades blanches, les marchandes de jus de fruits s’activent. Qu’est ce qui vous ferait plaisir ? Un jus de melon, de fraise, d’avocat, de kiwi, d’avoine ? Ne vous privez pas, tout est à moins d’1 € !
Direction ensuite le premier étage, le coin des cuisinières. Choisissez dans les casseroles. Saucisse, poulet au piment, porc en sauce. Attention les quantités sont impressionnantes !
Vous ne pouvez pas partir sans un petit dessert ! Pour les gourmands, il faut aller au rez-de-chaussée, au fond, c’est le coin des panaderia (boulangerie) et des pasteleria (gâteaux).
Pour les plus sages, on sort du bâtiment pour se rendre dans l’allée des fruits.
Admirez au passage les montagnes de légumes, les fromages et détournez les yeux du coin boucherie.
Vous comprenez maintenant pourquoi nous y avons mangé tout le temps !
Le couvent de San Felipe de Neri est notre deuxième coup de cœur à Sucre. Le matin, c’est une école privée pour filles, l’après midi on peut visiter ce superbe bâtiment datant du XVIIe siècle.
En montant sur la terrasse, on ne s’attendait pas à cette magnifique vue dégagée sur la ville. Les murs blancs sont éclatants au soleil.
Petite séance photo craquage…
Le deuxième soir sonne l’heure des aurevoirs. Sam et Elodie ne peuvent pas rester plus longtemps à cause du visa et nous, nous voulons profiter un peu plus de Sucre. On se concocte un bon repas d’adieu avec les fruits et légumes du marché.
C’est quand même bête… A deux jours près notre programme est le même… Et si… Si nous on faisait le sacrifice d’un autre jour sur Sucre… et si les copains acceptaient de dépasser un peu le visa… Allez, c’est décidé : on continue la route ensemble 😊
L’argent de l’enfer
Avec ses 4 090 mètres d’altitude, Potosí est la 2ème ville de plus 100 000 habitants la plus haute du monde. Elle occupe une place à part dans l’histoire bolivienne (anciennement région du Pérou). Au XVIème siècle, grâce à l’exploitation de ses mines d’argent, Potosí devient le plus gros complexe industriel du monde, participant ainsi au commerce triangulaire et à l’enrichissement de l’Europe sous l’égide espagnole. L’expression « c’est pas le Pérou ! » fait référence à cette époque. Pour l’anecdote en Espagne on dit plutôt « es el chocolate del loro ! », « c’est le chocolat du perroquet ! » 😄
Le Cerro Rico domine la ville, comme la marque indélébile d’un passé aussi faste que terrible. Dans ses boyaux, des milliers d’esclaves indiens et africains ont péri. Aujourd’hui encore, même s’il ne reste plus beaucoup d’argent et d’étain, les mineurs continuent de travailler dans des conditions extrêmes. Nous avons voulu aller à leur rencontre.
En ville, les agences proposant des visites guidées des mines sont nombreuses. Nous en choisissons une, conseillée par Le Routard, qui emploie d’anciens mineurs et dont une partie des recettes est reversée aux familles de mineurs sous forme de dons alimentaires.
Le guide nous arrête tout d’abord au Marché des mineurs. C’est ici que ceux-ci achètent tout leur matériel dont les fameuses feuilles de coca qui les aident à tenir le coup, la dynamite et l’alcool à 96 degrés. Vous pouvez nous croire sur parole, ça brûle là où ça passe ! Nous achetons des feuilles de coca pour les mineurs que nous croiserons.
On passe par la case « relooking de l’extrême ».
Il est temps ensuite d’entrer dans le vif du sujet : la mine. Des mineurs viennent tout juste de sortir. Ils ont le visage noir, ruisselant de sueur et ont l’air épuisé.
Nous suivons le guide dans un couloir sombre et étriqué. Les pieds pataugent dans la boue. Il faut se courber en deux et bien baisser la tête.
Nous nous enfonçons petit à petit dans le cœur de la montagne. Très vite la température augmente, l’air se raréfie, les particules de poussière virevoltent dans le faisceau de la lumière. Courbés en deux, il est difficile de respirer.
Comment est-il possible de travailler dans cet environnement si hostile !? C’est un vrai labyrinthe. On apprend qu’il y a plus de 80 km de galeries et que certaines concessions comprennent 14 étages !
Chaque mineur dépend d’une coopérative. Pendant les 3 premières années de travail, le mineur a peu de matériel, peu d’autonomie et doit faire ses preuves auprès des autres. Il dispose ensuite d’un endroit qui lui est propre. S’il a de la chance, il tombera sur un gros filon. Le salaire des mineurs de Potosi est plus élevé que le salaire moyen bolivien mais leur espérance de vie est beaucoup plus réduite. Officiellement il n’y a plus de jeunes enfants mineurs, seulement quelques adolescents, nous garantit notre guide qui lui a commencé à travailler à l’âge de 8 ans.
Nous rencontrons un groupe de 3 mineurs et discutons un peu avec eux. Ils s’apprêtent à faire sauter des bâtons de dynamite. On les regarde placer les explosifs dans les trous puis notre guide s’écrie « vamos, vamos ! ». On a juste le temps de sortir du boyau et de bifurquer un peu à droite. 3 explosions s’enchaînent dans un bruit sourd, tout tremble. C’est une sensation étrange. Une fille de notre groupe ne sent pas bien et demande à sortir.
Après près de 2h passées dans le noir, nous nous dirigeons vers la sortie. On laisse passer un chariot poussé par 2 mineurs. Au passage, nous nous arrêtons devant un petit sanctuaire dédié à El Tio, « l’oncle », le dieu du monde souterrain et des enfers.
Les mineurs déposent ici des offrandes, souvent des cigarettes et de l’alcool (plus il est fort plus ça marche), afin d’obtenir sa protection ou le remercier. Le guide nous montre un rituel et nous fait boire 2 gorgées d’alcool. Apparemment avec ça nous serons assurés d’avoir 3 enfants !
On revenant à l’air pur et frais et à la lumière, on revit. Quand on sait qu’il n’y a pas vraiment d’horaires de travail et que certains travailleurs font plus de 8 h par jour dans cet enfer, ça calme vraiment. On relativise sur nos conditions de vie et de travail en France.
Dernier stop à l’usine d’extraction des minerais. On ne saurait pas trop vous réexpliquer le processus. On a surtout retenu que ça se fait avec de l’eau et des produits chimiques et qu’il ne faut pas trop rester à proximité rapport à la toxicité.
Alors, est-ce bien raisonnable et responsable d’aller « visiter une mine » ? N’est-ce pas du voyeurisme, du tourisme de la misère ? Au final, en choisissant bien son agence, nous dirions que c’est une visite très intéressante et nécessaire. Cette expérience dans les mines est une bonne leçon de vie. Les conditions de travail de ces mineurs nous ont touchés, étonnés et scandalisés. En tant que français, elle fait aussi écho à notre Histoire avec l’exploitation des mines de charbon. Bref, nous ne regrettons pas d’avoir fait un stop ici.