On poursuit notre descente sur la Carretera Austral ! C’est de l’improvisation, on ne sait jusqu’où on va aller mais on y va !
Le château dans le ciel
Nous avions entendu parler d’une rando super belle à Villa Cerro Castillo, autour de la montagne du même nom. Plusieurs voyageurs l’ont comparé au très célèbre trek du Torres del Paine alors forcément ça titille notre curiosité ! Oui mais avant ça il faut y aller ! On est surpris de voir pas mal d’autostoppeurs à la sortie de Coyhaique. On comprendra vite pourquoi : les vacances chiliennes ont commencé amenant avec elle son (gros) lot de voyageurs – backpacker chiliens. La concurrence va être rude !
Finalement nous n’attendons que 20 minutes avant de nous faire prendre avec 2 autres compères par Mila et son minibus. Elle nous dépose un peu avant Balmaceda, à la bifurcation pour Villa Cerro Castillo.
Ni une ni deux on se dépêche pour rejoindre les 1er l’arrêt de bus et tendre le pouce avant que les 2 chiliens n’arrivent. Et on a bien fait car une voiture s’arrête et nous tombons sur le conducteur le plus sympa et le plus intéressant que nous ayons eu jusque ici. Juan Paulo est éleveur et professeur. Il nous apprend beaucoup de choses sur sa région, la scolarité des petits chiliens, la faune et même l’orthophonie locale ! Son rêve est d’aller en Europe et à Paris, peut être l’année prochaine… En souvenir, il nous offre un petit drapeau du Chili qu’on s’empresse d’accrocher au sac à dos !
Juan Paulo nous a conseillé le food truck du village. Forcément on s’est laissé tenté… les burgers sont gigantesques et merveilleusement bons, mmmm !
L’impression d’un scenario qui se répète : installation de la tente dans un camping local, vérification de la météo pour les prochains et désolation… Pluie et re-pluie avec risque de vents violents et de neige en altitude 😕 Tant pis pour le trek de 3 jours, on se contentera d’une rando à la journée. 7-8 h de marche aller-retour pour atteindre le Cerro Castillo, littéralement « le mont du château », nom donné à cause de ses aiguilles qui s’élèvent vers le ciel telles un château fort.
Nous partons à 9h le lendemain sous un ciel chargé.
Après plus d’un kilomètre, nous arrivons à une petite cabane où il faut s’acquitter de la taxe d’entrée. A peine avons-nous fait quelques mètres qu’une petite pluie fine démarre, nous obligeant à mettre nos vestes. A ce moment là on se dit que c’est facilement gérable et on continue.
Nous traversons une forêt puis le chemin grimpe, laissant entrevoir un beau panorama sur la vallée.
A partir de là, la pluie s’intensifie pour ne plus jamais s’arrêter. 1, 2, 3 heures de marche et nous commençons à littéralement prendre l’eau en dépit des chaussures imperméables, de la veste et du sur pantalon. La vue est bouchée, les chemins commencent à se transformer en rivières et il n’y a aucun abri possible pour s’abriter. Que du bonheur ! 😢 On continue malgré tout.
Le chemin devient rocailleux, on y presque ! A 13h, nous atteignons enfin la lagune ! En dépit des gros nuages qui cachent les pics rocheux du « château », nous arrivons à admirer la belle lagune turquoise et le glacier juste au dessus.
Ce doit être incroyable avec le soleil. Nous sommes à présent trempés de la tête aux pieds et ne résistons pas longtemps au vent glacial. Après 10 minutes, nous redescendons.
C’est très dur à cause de la boue, des torrents et des pierres glissantes. Le moral en prend un coup. On rêve d’un chocolat chaud auprès d’une cheminée…
Nous croisons 5 autres trekkeurs dans l’autre sens. Certains planifient de camper en haut cette nuit, on leur dit bonne chance ! Au bout de 3 longues heures de marche nous arrivons enfin au camping. Grosse chance, pour la première fois, nous avons dans la salle commune une cheminée !!! Atelier séchage de vêtements. Même notre argent et nos passeports, pourtant protégés sous ziplock, sont humides… Pas de doute on se souviendra de cette rando-douche !
Tranquiiiile
Nous avançons de 120 km au sud en bus jusqu’à la petite bourgade de Puerto Rio Tranquilo.
L’arrivée au village est incroyable : devant nous s’étend le magnifique lac General Carrera. En face c’est l’Argentine. Les eaux turquoises sont hypnotisantes.
Après plusieurs recherches Nico trouve un petit camping avec pièce commune (critère essentiel avec toute cette pluie). On se motive à faire le tour des agences pour visiter l’attraction du coin : les cathédrales de marbre (capillas de marmol). On complète un groupe qui part immédiatement, en 5 minutes nous voilà arnachés d’élégants gilets de sauvetage orange fluo et embarqués sur un bateau à moteur.
La navigation est paisible. C’est beau.
Les cathédrales de marbre bordent une toute petite partie du lac. Nous les longeons en bateau et parfois entrons à l’intérieur.
La luminosité de fin de journée ne fait pas beaucoup ressortir la couleur turquoise, sauf à la fin où nous sommes mieux orienté.
Le grand plaisir des chiliens et de notre guide est de trouver des représentations animales dans les formations de marbres. Tantôt une baleine, tantôt une patte de jaguar…
Le retour n’est pas de tout repos, on se prend des grosses vagues et sommes trempés (oui encore…).
Le lendemain c’est l’heure de faire le point : va-t-on plus loin au sud, jusqu’à Caleta Tortel (le rêve d’Anaïs) ou bifurque-t-on vers l’Argentine ? Pour être honnêtes nous ne sommes pas au top niveau moral depuis quelques jours. La pluie nous empêche de faire tout ce qu’on avait prévu et les nuits en camping commencent à s’accumuler, on rêve d’un lit. Peut être aussi que les 14 mois de trip commencent à peser… Eh oui ! Tout n’est pas toujours rose en voyage !
On veut retrouver la pêche et l’envie, direction donc l’Argentine où la barrière des Andes empêchent les gros nuages de pluie de passer !
Le dimanche, nous prenons donc un mini van vers midi. On longe tout le lac jusqu’en bas puis remontons jusqu’à Chile Chico. Une courte mais agréable halte d’une nuit puisque :
1. il fait soleil (!)
2. le proprio du camping nous accueille avec un bol de cerises
3. une famille d’argentins nous invite le soir à leur barbecue. Ils viennent de gagner le premier prix d’une course de lévriers (depuis peu cette pratique est interdite). Ils sont tout fiers de nous montrer la coupe et même l’argent qu’ils ont gagné.
La Carretera Austral c’est fini ! Nous aurions aimé aller jusqu’au bout mais parfois il faut savoir s’arrêter à temps et écouter son instinct. Le nôtre nous pousse vers le soleil et les belles randos. On ne va pas être déçu !