Si vous nous suivez, vous devez savoir qu’on en est pas à notre premier dromadaire, mais ici, à Jaisalmer, c’est différent : cette fois nous serons SUR la bête !
Avant de vous conter cette petite expédition, on va vous parler de la ville. Jaisalmer est une étape un peu à part au Rajasthan. Elle est située au milieu du désert, à quelques centaines de kilomètres du Pakistan. Même si pour le moment les deux pays tentent de trouver des accords bilatéraux, rappelons que l’Inde et le Pakistan ont souvent été en guerre. Ils se disputent notamment la région du Cachemire, qui a un fort potentiel hydrologique. Sur place, la présence des soldats nous ramène à cette réalité.
A notre arrivée, on sent que l’atmosphère ici est particulière. On a quitté les grandes villes pour se retrouver au pays d’Ali baba et d’Aladin (d’ailleurs le gérant de notre guesthouse s’appelle ainsi !). La forteresse est construite en pierres de couleur ocre jaune, tel un château de sable accroché à son rocher.
On apprécie l’architecture à l’intérieur des remparts, beaucoup moins les trop nombreux hôtels, restaurants et échoppes de souvenirs. Un vrai Disneyland pour touristes. Il ne semble pas y avoir de restrictions réglementaires du coup chaque parcelle ou presque est exploitée. C’est un constat un peu navrant : les indiens ont souvent le don de gâcher leur patrimoine. Le site du Taj Mahal est par exemple magnifique (article à venir) mais il faut voir l’état des berges et des rues alentours…
Après avoir visité les Palaces de Bundi, Udaipur et Jodhpur, nous avons fait l’impasse ici. Qu’il est bon des fois de juste flâner. Le fort et ses ruelles étroites, la vieille ville et ses splendides havelis, shopping et coucher de soleil au bord du Lac de Garisar ont rythmé notre première journée.
Le désert du Thar qui borde la ville est très étendu (200 000 m2). Il y pleut environ 200 mm d’eau par an. C’est le désert le plus densément peuplé du monde. L’excursion à dos de dromadaire c’est l’activité à ne pas manquer dans le coin. On ne s’est autorisé que peu d’extras depuis le début du voyage, alors on décide de se faire un peu plaisir et de réserver l’excursion auprès de notre guesthouse (1300 rps par personne tout compris). Quand on regarde un dromadaire , on peut se dire « bof ça a l’air très pépère, on est loin du galop dynamique du cheval et des courbatures aux cuisses qui s’ensuivent ». Eh bien non ! Détrompez vous ! D’abord parce qu’un dromadaire ça peut trotter (et là vous faites des bonds d’un mètre sur votre selle, testé et non approuvé ), ensuite parce que la bête est bien large. Résultat : vos fesses et vos adducteurs se retrouvent vite en compote (un cours de Pilate en intensif en somme) ! On savait tout ça avant de partir, on a donc décidé de faire un tour sur 1 jour et demi. Certains voyageurs font des excursions de plus de 20 jours dans le désert, on leur tire notre chapeau !
Nous partons avec deux chameliers, Hussein et Babou ( que l’on a vite appelé Bruno, certains collègues de Nico sauront vite pourquoi ^^).
On vous présente nos deux montures, j’ai nommé Papoo et Kaloo ! Deux mâles âgés de 5 et 4 ans.
Le début de la balade n’est pas super intéressant car on déambule dans des étendues rocailleuses ponctuées d’éoliennes. On est loin du Sahara… On en profite donc pour papoter avec Hussein qui parle très bien anglais.
Un premier arrêt est prévu dans un village typique. Même au milieu de nulle part on peut toujours s’offrir un extra, comprenez un Pepsi (ça nous désole un peu). On déambule dans le hameau mais très vite, les enfants se font insistants et réclament des stylos ou de l’argent. Certains vont à l’école du village, ils sont d’ailleurs en uniformes, pendant que d’autres travaillent dans les champs. L’accès à l’éducation est encore très inégal dans le pays et les ONG estiment à 60 millions le nombre d’enfants travailleurs de moins de 14 ans.
La deuxième partie de la balade nous plaît davantage, on voit enfin apparaitre les dunes. Il n’y a personne aux alentours excepté quelques bergers et fermières. La végétation se compose de cactus et de plantes grasses.
L’arrivée sur les dunes en fin d’après midi est splendide. On s’empresse de boire le chaï (le thé) qu’Hussein nous prépare et on s’échappe dans les dunes. Un super bon moment, surtout que là encore nous sommes seuls !
La nuit tombe assez vite, Hussein a déjà préparé le dîner quand nous revenons au camp. Au menu : riz et légumes cuisinés, accompagnés de chapatis (pains), le tout cuit au feu de bois. C’est simple, mais très bon ! Le meilleur restaurant avec vue de tout notre périple !
Avant de nous coucher, on discute avec Hussein de sa vie, de l’Inde, de nos différences. On apprend qu’il est l’aîné de la famille, c’est donc lui qui doit subvenir aux besoins de ses parents et de sa fratrie s’il y a un problème. Il travaille beaucoup et ne peut pas refuser les safaris qu’on lui propose en saison touristique. En Inde, on ne vous apprendra rien en vous disant qu’il n’y a aucune aide de l’état pour les personnes âgées. La famille c’est donc sacré. Même les oncles et cousins peuvent vous sortir d’une mauvaise passe en vous prêtant de l’argent. Ceux qui n’ont pas cette chance finissent dans la rue à mendier sans que personne ne s’en préoccupe. On apprendra enfin qu’il a été marié à 10 ans alors que sa femme en avait 6. Il ne savait pas ce que cela signifiait à l’époque et maintenant qu’il souhaiterait divorcer, c’est impossible car ses parents lui interdisent. Une drôle de vie… On réalise une fois de plus la chance que nous avons d’être nés en France…
Nous passons la nuit à la belle étoile. Le ciel est dégagé. Anaïs voit même deux étoiles filantes… un petit clin d’œil de quelqu’un qui veille sur nous de tout là haut. On est bien. On voudrait que ce moment dure longtemps mais bientôt les yeux se ferment tout seuls…
La nuit aura été plutôt fraîche et le réveil à 7H30 pique un peu. Nico a eu le courage de se lever plus tôt, heureusement sinon on aurait pas eu ces photos !
Après le petit déjeuner, dernier shooting photo, et nous voilà repartis vers Jaisalmer. Comme nous sommes un peu en retard sur le planning prévu, nous faisons quelques portions de chemin en trottant, Anaïs ne peut pas s’empêcher de rire à chaque fois.
En fin de matinée nous voilà revenus au point de départ, de supers souvenirs plein la tête, prêts à prendre un autre train et à poursuivre l’aventure !
4 thoughts on “Yes, we want a camel tour !!!”