Au Myanmar, les possibilités de treks sont multiples et il y en a pour tous les niveaux. Pour nous ce sera direction la Haute Birmanie pour un trek de 2 jours dans la campagne. On fait le choix de s’arrêter à Kyaukme, petite ville encore assez peu touristique. Nous ne serons que 5 occidentaux à descendre du bus et on ne se recroisera pas par la suite.
Kyaukme est une petite ville tranquille entourée de champs. L’agitation bat son plein lors du night market qui commence en milieu d’après midi. Les paysans installent leurs étals de fruits et légumes et les petites échoppes mobiles de nourriture de rue font chauffer les fourneaux. On mange ici à toutes heures de l’après midi des soupes de pâtes, des noodles frits, du riz agrémenté de légumes, des brochettes de viandes.
Un ptit bol de noodles pour le goûter on adhère !
On prend plaisir à déambuler dans les rues en passant de temps en temps la tête dans des petites boutiques et fabriques d’artisanat. A Kyaukme, on créé des chapeaux en bambou, du papier de bambou et des cigarettes. Celles-ci sont roulées à la main comme les cigares cubains par des petites mains agiles.
Avant d’attaquer le trek, nous passons une première nuit dans une guesthouse du centre ville. Pour 6 $ on a le droit à une chambre de 4m2 (à peine la place pour poser nos sacs) avec 2 lits simples version planche de bois, douche froide collective et des toilettes à la turque à l’extérieur du bâtiment. Une des pires chambres que nos ayons eue depuis le début du trip ! On est pas masos mais le logement est cher au Myanmar, le deuxième prix montait tout de suite à 25 $ ! Par ailleurs, comme nous sommes dans les montagnes et en hiver, il fait bien froid, jugez plutôt :
Mosat, le (super) guide que nous avons trouvé grâce à l’hôtel, passe nous prendre en pick up à 9h. Nous serons accompagnés de deux français, Romain et William. Après 30 minutes de route cahotante (et quelques douleurs au postérieur…) on attaque la marche sous un beau soleil. Les paysages sont assez secs mais fertiles. Ça grimpe assez vite.
Nous nous arrêtons le midi dans un village palaung, une des nombreuses ethnies qui peuplent les montagnes de l’état Shan. Nous sommes reçus dans la maison du chef du village où un conseil est en cours. Nous discutons avec lui ensuite. Il nous dit qu’il n’a pas choisi d’être chef de village, on l’a élu. En fait personne ne veut vraiment l’être car c’est beaucoup de travail et de responsabilité. Il y a encore des affrontements armés entre ethnies mais dernièrement un traité de paix a été signé par 6 d’entre elles ce qui est un premier pas. Le gouvernement n’intervient pas et les laisse se débrouiller seules.
Après le très bon et copieux repas, Anaïs s’aventure un peu plus dans le village. Dans les rues de terre, des poules, des chiens, des chats gambadent. Une mère de famille l’invite à entrer dans sa maison pour boire un thé. Son frère est très content de recevoir une étrangère et ne cessera de répéter « I love your country ! ». Ils parlent tous les deux assez peu anglais mais semblent contents d’essayer ! Le langage des signes fonctionne en tous cas très bien. Leur maison, typique, est constituée de bambou du sol au plafond. Elle est sur pilotis et on doit se déchausser avant de monter. La grande pièce centrale accueille le foyer pour le feu : c’est la cuisine-salle à manger. Un petit autel est toujours réservé à bouddha. Deux petites pièces attenantes font office de chambres. Le village n’est pas relié au réseau électrique mais les villageois disposent de petits panneaux solaires suffisants pour alimenter quelques ampoules. Pour la toilette, c’est à l’eau froide, à l’extérieur, avec une bassine !
On reprend la marche en début d’après midi et on traverse de nouveau des villages isolés. Les sourires sont chaleureux et sincères. Nico s’en donne à cœur joie avec les photos !
Les enfants sont souvent intimidés mais n’hésite pas à nous faire coucou de la main en criant des « hello ! ».
Notre chemin est ponctué de plantations de thé. Ce n’est pas la saison en ce moment, les arbustes ne sont donc plus taillés. Une villageoise nous fait goûter une salade de feuilles de thé. Verdict : c’est très amer mais avec les cacahuètes ça passe ! Pour Anaïs qui n’aime pas du tout le thé, ça commence quand même à faire beaucoup (mais il serait malpoli de refuser…) !
En fin d’après midi, après une vingtaine de kilomètres parcourus, nous apercevons enfin le village où nous allons dormir cette nuit. Il nous apparaît au détour d’un chemin, au creux des montagnes, entouré de brume. Une dernière montée et nous y sommes ! Nous posons les sacs et partons tout de suite en haut de la colline pour assister à un très joli coucher de soleil.
Nous logeons chez une famille du village. Les grands parents gardent leur petite fille de 3 ans (qui est juste adorable et pleine de vie) car leur fille est partie en Thaïlande pour chercher du travail. Les opportunités d’emplois sont en effet rares dans le pays même avec un diplôme en poche. Beaucoup se tournent alors vers la Chine qui a souvent besoin de main d’œuvre pour les chantiers ou vers les autres pays frontaliers.
Après un bon repas, nous installons nos lits, comprenez des couvertures à même le plancher. Anaïs, comme toutes les femmes, n’a pas le droit de dormir près de la statue de Bouddha. Un peu misogyne ça… Nous discutons avec le guide autour du feu sur le passé et l’avenir de son pays. Il nous confirme que la corruption est encore bien présente mais que les choses évoluent depuis l’ouverture du pays. Il place beaucoup d’espoir dans le nouveau gouvernement. Aung San Suu Kyi devrait d’ailleurs être élue présidente en mars. Même s’il fait un peu froid nous passons une bonne et grande nuit.
Le lendemain matin, nous baladons dans le village en attendant que le petit déj soit prêt (entendez : riz, oeuf, légumes, potage). Après que Nico ait photographié des enfants, nous nous faisons invité dans leur maison. La grand-mère ne parle pas du tout anglais, le langage des signes nous dépanne bien. Elle nous offre le thé, nous propose du riz et nous offre des fruits de son jardin. Adorable.
Avant de reprendre la route, Mossat nous emmène assister à la cérémonie que font les écoliers tous les matins. C’est assez impressionnant de voir la discipline qui y est appliquée. Nous restons un peu pour voir également comment se passe la classe. Les enfants semblent très enthousiastes.
Nous reprenons la route vers 9h. Le trajet est un peu plus monotone puisque nous redescendons par la route de terre. C’est le seul petit regret sur ces deux jours. On peut néanmoins apercevoir la vie dans les champs.
En milieu de matinée nous passons un petit pont en construction et apercevons au bout…le chef du village rencontré la veille (désolé mais on a vraiment pas réussi à retenir le prénom…) ! C’est lui qui dirige ce projet. On est surpris d’apprendre que pour la construction de ce petit pont qui enjambe une rivière, d’un coût total de 3000$, les fonds viennent exclusivement des donations des villageois. L’état n’intervient pas dans la construction des infrastructures routières. Nous décidons de leur donner un petit coup de pouce et à notre grande surprise nous recevons un reçu en échange suivi d’une prière du chef pour nous porter chance et Nico inscrit son nom sur le panneau des donations. Il a quand même vérifié avant, en bon ingénieur qu’il est, que le pont tiendrait la route !
Le trek s’achève vers 12h30. Nous prenons un dernier repas chez les parents de Mosat avant de filer à la « station de bus locale » (= un restaurant en bord de route), direction le fameux lac Inle ! Nous avons passé deux jours vraiment super en compagnie de Mossat, Romain et William, riches en enseignements et en rencontres que nous garderons longtemps en mémoire.
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