Ils avaient croisé notre route au Sri Lanka et en Inde, nous les avions entendus au parc de Khao Yai mais cette fois, nous allons pouvoir les côtoyer de très, très près. Récit de notre rencontre avec les éléphantes de Kanchanaburi…
Petite présentation de ces dames
Au parc Elephant Haven, à l’ouest de Bangkok, 6 éléphantes ont été recueillies. Elles ont toutes été exploitées par l’industrie du tourisme pendant des dizaines d’années mais coulent à présent des jours heureux dans cette structure où elles vivent en semi liberté…
Laissez nous vous présenter : Mali, Boon Me, Chopper, Lum Yai, Tong Koon et Pim Jai
Chacune a sa spécificité ce qui nous aide à les reconnaître. Il y a la future maman, les deux meilleures copines, celle avec un trou dans l’oreille, la mamie, la solitaire…
Les éléphantes sont habituées aux humains depuis toujours, nous pouvons donc marcher à leurs côtés sans crainte, le pied…
Déroulement d’une journée au parc
Nous restons deux jours sur place ce qui nous laisse le temps d’apprécier chaque moment passé en compagnie de ces gros babars 😉
Le planning de la journée est toujours le même :
– La préparation du petit déjeuner de ces dames qui ont, il faut le dire, un grooooossss appétit. On met la main à la pâte (c’est le moins qu’on puisse dire !) en préparant des boulettes avec du riz, du tamarin, des bananes écrasées, du sel, le tout saupoudré de farine de céréales.
– La première rencontre et le petit déjeuner. Ça y est elles arrivent ! Les éléphantes qui dormaient dans un abri non loin de là, viennent toutes seules aux barrières. C’est un moment émouvant et un peu intimidant. Les mahouts (gardiens des éléphants) nous montrent comment les nourrir et c’est parti ! Leurs trompes sont très puissantes (environ 100 000 muscles quand même ! ) et la petite excroissance au bout leur permet une préhension très fine. Elles avalent les boulettes et les fruits à un rythme impressionnant !
Le deuxième jour nous avons l’opportunité de nourrir la mamie du groupe directement dans la bouche, beurk c’est tout baveux et la langue est toute lisse.
– La promenade matinale. On se balade aux côtés des éléphantes dans le parc et on se régale à les observer interagir entre elles. Les éléphants sont des animaux grégaires et ils communiquent beaucoup entre eux.
Petit extrait d’un dialogue entre Boun Mi et Malee :
– Le déjeuner (des humains). Petite pause bien agréable.
– Les bains. Nous emmenons d’abord ces demoiselles au bain de boue. Dans la nature, les éléphants s’aspergent régulièrement de terre et de boue afin de se protéger des insectes et du dessèchement. Ils ont la peau assez sensible et, comme les humains, la piqûre de moustique ne leur est pas agréable.
Vient ensuite le moment qu’on attend tous avec impatience : le bain dans la rivière avec les éléphantes. Des instants inoubliables, presque surréalistes.
Nous, petits humains fragiles, nous retrouvons à côté de ces énormes mammifères allongées dans l’eau… On leur jette des seaux d’eau, on les gratouille. La peau est très « cartonnée » et les poils sont durs. Nico se souviendra longtemps de la baignade puisqu’il se fait mordre le pied par un poisson qui n’a pas du apprécier qu’on occupe le terrain…
– Le goûter : ce n’est pas « tea time » ici mais « pastèque time » et « maïs time ». C’est le temps de la dernière photo et des aurevoirs. Le deuxième jour, il est difficile de les voir partir mais on sait qu’elles sont heureuses ici.
Le cas des éléphants en Thaïlande
Les éléphants ont longtemps été utilisés dans les domaines agricoles et forestiers. Aujourd’hui, près des ¾ des éléphants vivants en Thaïlande sont domestiqués principalement à des fins de divertissement. Avant de pouvoir amuser les touristes de passage, les éléphants subissent des mauvais traitements et des tortures afin de devenir totalement dociles. Cela commence tout jeune, lors de la cérémonie du phajaan. Les mahouts privent l’éléphant de nourriture, d’espace, de sommeil et le torture plusieurs jours durant à l’aide d’un bullhook (crochet). Le but est simple : faire perdre tout instinct sauvage à l’animal pour le garder sous contrôle. Tout au long de sa vie, l’éléphant continuera à être battu à l’abri des regards.
Pendant les promenades, l’éléphant est harnaché d’une nacelle d’environ 100kg + 2 ou 3 touristes + le mahout. Il porte donc une charge de minimum 250 kilos soit plus du double de ce qu’il peut supporter réellement. Les dégâts sur le dos et la colonne vertébrale sont catastrophiques. Toute la journée le pachyderme enchaine les balades sans jamais se reposer et il ne doit jamais dévier de son chemin sinon gare au crochet ! Il faut savoir que pour être en bonne santé, un éléphant a besoin de se nourrir environ 18 h par jour. On est donc loin du compte ! Et on ne vous parle même pas des spectacles proposés aux touristes avec : l’éléphant footballeur, l’éléphant peintre, l’éléphant acrobate, …
Nous avons pu constater ces maltraitances en Inde, au Sri Lanka et en Thaïlande. On ne vous dit pas le regard noir qu’on jetait au mahout et aux touristes… on se sentait réellement impuissants. C’est vrai qu’avoir sa photo de profil Facebook sur un éléphant enchainé aux yeux vides ça en jette ! Vous l’aurez compris nous sommes totalement écœurés par ce type de pratique.
« Chacun voit midi à sa porte » comme on dit mais il nous semble qu’il est de notre devoir à tous de condamner ces pratiques et d’encourager le développement des structures comme l’elephant nature park dont dépend la structure de Kanchanaburi.
Lequel de ces deux éléphants préféreriez-vous croiser ?
Pour finir sur une note plus légère, voici un « Le saviez-vous ? » spécial nénéphants 😉
1. L’éléphant ne sait ni sauter ni courir, il peut juste accélérer la cadence de ses pas (jusque 20 km/h)
2. L’éléphant est le mammifère ayant le plus petit cerveau comparativement à sa masse corporelle, la souris ayant le plus gros.
3. La trompe qui pèse près de 100 kg est, avec la queue, l’organe sensoriel le plus performant. L’éléphant est capable d’ingurgiter jusqu’à 8 litres d’eau en une seule fois et bois jusqu’à 180 litres par jour !
4. Pour l’anecdote, 2 mathématiciens indiens ont reçu le prix Ig Nobel (= prix qui récompense les recherches insolites mais qui amènent à réfléchir) de maths pour avoir découvert une formule permettant de calculer la surface « s » d’un éléphant d’Asie à partir de sa hauteur au garrot « h » (en mètres) et de la circonférence « c » (en mètres) de l’empreinte de son pied : s = 6,807h + 7,703c – 8,245.
5. La gestation dure entre 20 et 22 mois (un bébé mâle reste plus longtemps au chaud). L’éléphante donne alors naissance à un seul éléphanteau (100 kg en moyenne, belle bête !)
6. L’expression française « avoir une mémoire d’éléphant » se vérifie tout à fait dans la réalité : sous leurs airs « patauds » se cache une brillante intelligence et une mémoire visuelle très performante. L’éléphant peut se souvenir d’un lieu ou d’une personne 20 ans après. C’est l’un des seuls êtres vivants, avec le dauphin, l’Homme, les grands singes et le corbeau, a avoir réussi le test du miroir de Gallup. Quand on marque son front d’une tâche puis qu’on l’installe devant un miroir, l’éléphant passe sa trompe sur la tâche, preuve qu’il a conscience de son image et donc de lui-même.
La vie des éléphants à l’Elephants Haven (la musique devrait vous rappeler des souvenirs 😉 ) :
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